La céruse

13 avril 2011   Commentaires fermés   Mots-clefs :, , , , ,

 

Généralités

La céruse, encore appelée carbonate de plomb, blanc de Saturne, blanc de plomb ou blanc d’argent, est un pigment blanc à base de plomb (sous sa forme neutre PbCO3). Ce produit fut longtemps le seul pigment blanc couvrant connu. Dès l’Antiquité, et jusqu’à l’époque moderne, la céruse servit à fabriquer du fard blanc.Plomb

Il se présente sous la forme d’une poudre blanche obtenue par la réaction du plomb mis en contact avec des vapeurs de vinaigre.

La céruse désigne par ailleurs une technique décorative destinée à faire ressortir le veinage du bois.

Par sa composition à base de plomb, la céruse présente un caractère toxique et est notamment responsable de certains cas de saturnisme.

À la fin du XVIIIe siècle, suite notamment aux publications du Docteur Maurice Deshais-Gendron (en 1760), puis du docteur Anne-Charles Lorry (1777), les effets toxiques de la céruse – dans son usage cosmétique – sont reconnus de tous.

La loi du 20 juillet 1909, adoptée après une polémique d’envergure nationale à laquelle participa Georges Clemenceau, interdit l’usage de la céruse dans tous les travaux de peinture, sans pour autant en interdire la production. Son entrée en vigueur est prévue pour 1915.

Tandis que la loi tarde à être appliquée, les ouvriers peintres sont parfois facilement accusés de ne pas se protéger correctement. La responsabilité des employeurs finira par être fermement établie, d’abord par le vote de la loi du 25 octobre 1919 instituant le système de réparation des pathologies liées au travail, puis par l’adoption en 1921, suite à l’intervention du Bureau international du travail, d’une convention interdisant la céruse : cette convention sera ratifiée par la France en 1926.

Ce produit est dangereux pour l’être humain et pour l’environnement. Il peut être remplacé avantageusement

  • en peinture et en ébénisterie, par des pigments sans toxicité comme le blanc de titane, très couvrant également,
  • pour certains traitements des bois, par différentes résines de substitution ou, là aussi, par le blanc de titane associé à un liant quelconque.
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Utilisations

1. Peinture

En peinture, la céruse était mêlée de blancs naturels qui compensaient son glissant, son poids et sa blancheur trop intense. Il fallait cependant lui adjoindre de l’huile de lin en quantité suffisante pour éviter les réactions avec les couches supérieures ou inférieures. Autant dire qu’il fallait un véritable film isolant !

Quant à son utilisation dans le tableau proprement dit, elle ampute la palette de très nombreuses couleurs à cause des risques d’interactions.

Les vertus de la céruse sont mises en échec par les contraintes que son emploi induit.

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2. Arts du feu

Comme la plupart des produits employés dans ce domaine, c’est sous la forme d’une poudre très fine que se présente la céruse. Elle constitue la source d’oxyde de plomb la plus employée. En effet, le carbone qu’elle contient est éliminé lors de la cuisson, facilitant semble-t-il la fusion à très basse température. Elle est encore fort utilisée comme fondant bien que quelques oxydes métalliques commencent à la détrôner, sans parler des frittes modernes au plomb, théoriquement non toxiques.

Il faut préciser que l’oxyde de plomb a réellement apporté des qualités aux glaçures, émaux divers et verres comparativement aux différents autres fondants. Son emploi avait une raison d’être, surtout dans le passé, lorsque la liste des substances disponibles était plus restreinte et les températures de cuisson plus basses.

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3. Ébénisterie

L’emploi ancien de céruse en ébénisterie se justifiait par la capacité de cette substance à boucher les pores du bois ou à protéger les coques des navires. Mises à part quelques rares exceptions liées à des contextes très particuliers, son utilisation a heureusement été abandonnée dans ce secteur d’activités.

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Céruser un meuble

Traditionnellement blanche, la teinte de la céruse était à l’origine du « blanc de plomb » (carbonate de plomb), hautement toxique et heureusement remplacé depuis par du blanc de zinc ou de titane.

ceruse

Outils nécessaires :

Des chiffons propres.

Du coton à mécher.

Une brosse en acier au laiton (manuelle ou à monter sur perceuse), ou de la paille de fer.

De la laine d’acier fine.

Du papier de verre, grain 200.

De la pâte à céruser.

De la cire.

De la teinture à bois (facultatif).

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Le cérusage est une technique de décoration relativement ancienne, apparue au début de la Renaissance. Elle repose sur un principe simple : creuser les veines tendres du bois pour y introduire un pigment, afin d’en augmenter le contraste.

Cette méthode peut s’appliquer à tout bois « nu », neuf ou décapé : lambris, parquets, meubles, etc. Mais certains bois s’y prêtent plus que d’autres. En effet, le chêne et le châtaigner sont particulièrement propices à cet exercice ; la plupart des résineux également, à condition d’en ouvrir les pores avec plus de soin. En revanche, la plupart des essences exotiques, le wengé excepté, ne sont pas recommandées pour ce genre d’application.

Il existe aujourd’hui toute une gamme de couleurs et de techniques, permettant d’obtenir un « effet céruse », nous n’aborderons ici que la méthode « à l’ancienne », avec pâte et cire.

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Etape 1 : préparer le bois à être cérusé.

Le bois doit être propre et sec. Si nécessaire, vous pouvez le poncer mais pensez bien à toujours le dépoussiérer par la suite.

A cette étape, il est possible de teinter le bois afin d’obtenir un effet plus contrasté. Pour ce faire, passez la teinture à l’aide de coton à mécher, puis essuyez l’excédent avec un chiffon pour ne pas avoir un effet trop prononcé. Ceci aura pour effet d’égaliser la teinte.

A l’aide de la brosse métallique (ou de paille de fer), et dans le sens des fibres, creusez les veines tendres du bois. Une brosse à poils courts, plus agressive, conviendra si vous cérusez un bois dur, et inversement. Un brossage léger est suffisant, et évite de risquer de marquer le bois. Une fois le veinage accentué (on parle également « d’ouvrir les pores » du bois), dépoussiérez à nouveau soigneusement.

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Etape 2 : la céruse.

Appliquez la pâte à céruser avec du coton à mécher, en effectuant des mouvements circulaires afin de bien la faire pénétrer dans les pores du bois et en ne lésinant pas sur la quantité. Une fois votre bois recouvert, vous pouvez passer un chiffon pour ne pas avoir trop à poncer par la suite, puis laissez sécher pendant deux jours.

Meuble ceruse

Etape 3 : les finitions.

Une fois la céruse sèche, poncez l’excédent à la laine d’acier. Ne procédez pas dans le sens des fibres, mais perpendiculairement ou par mouvements circulaires. N’insistez pas non plus sur une seule zone, vous risqueriez d’enlever trop de céruse et de devoir tout recommencer. Si vous n’avez pas teinté le bois avant de le céruser, il est possible de terminer le ponçage au papier de verre fin (200), puis dépoussiérez à nouveau. Enfin, cirez et lustrez le tout, pour une belle finition durable.

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